mercredi 21 octobre 2009

Like a Bird

Aujourd'hui, marche jusqu'au lac entre les deux collines au loin. La météo annonçait de la pluie en fin de matinée et l'apres-midi, mais elle s'est plantée (c'est à 17h que ça a commencé). Donc traversée de la roseraie, montée d'une colline dans les fougères, redescente du côté banlieue chic version wisteria lane en mangeant des fraises, et découverte de l'identité du "lac": le sanctuaire Karori, deux barrages et des dizaines d'espèces en danger se promenant sous les yeux des visiteurs. Entrée environ 8 euros. Le trajet aller a duré 2h seulement, et sans forcer; j'étais fier. Fermeture à 17h, trajet retour en passant sous le tunnel, juste pour voir où ça mène. Durée du trajet: 30 minutes. On se sent d'un coup beaucoup moins fier et beaucoup plus bête.

lundi 19 octobre 2009

Cleaning up

J'ai réservé l'endroit où ma valise restera de novembre à février. J'ai rendu les dvds à la bibliothèque. J'ai commencé à enlever les lettres et photos collées au mur. J'ai fait un premier ménage. J'ai oublié de faire la lessive. J'ai obtenu mon visa pour l'australie. J'ai oublié les vaccins pour la Malaysie. J'ai envoyé les papiers pour garder ma chambre le semestre prochain (mais je suis déjà sûr de rester à Te Puni). Reste à bosser pour le Master et les exams. Pour les cours le semestre prochain, il m'en faut trois différents. Je prends:
Maori Language, Introduction, Mardi 12h-12h50, Jeudi 12h-14h
Et avec ceci?
Soit 1 des 3 suivants, soit aucun des trois suivants:
Peuplement de la Polynesie, Lundi, Mercredi, Jeudi 15h10-16h
Société et Culture Maori, Lundi, Mercredi, Jeudi 16h10-17h
Introduction au Gouvernement et à la Politique en NZ, Lundi, Mardi, Vendredi, 10h-10h50
Soit 1 des 2 suivants, soit les deux suivants:
Introduction à la Psychologie, Lundi, Mercredi, Vendredi, 11h-11h50 ou 14h10-15h
Introduction à la Géographie Physique et aux Sciences de la Terre, Mercredi, Jeudi, Vendredi, 14h10-15h

samedi 17 octobre 2009

Burger Phone



!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Reversed

Je vis au revers de l'univers
(Pendu au regard de la fée verte
Multivers joué dans ces vers
Avant que ne me rongent les vers) etc

Non en fait le titre veut juste dire que j'ai retrouvé une vie sociale, mais que la conséquence est qu'encore une fois je vis plus la nuit que le jour. J'avais deux soirées d'anniversaire ce soir, j'ai pensé qu'en arrivant à la deuxième à minuit j'aurais passé un temps équitable dans chaque soirée, eh ben non. Il n'est même pas deux heures, la fête est finie et je suis rentré. Et pas fatigué du tout. La soirée d'hier a duré jusqu'à 6h. "Je crois que mon sommeil est en cheville avec le soleil" (Renan Luce). Résultat je vais regarder la suite de House. La fin de la saison 5 était royale, mais je l'aurais bien vue en fin de série. La saison 6, après ça, fait bizarre; on dirait une série différente.

jeudi 15 octobre 2009

The End

J'ai eu mon dernier cours aujourd'hui. C'est étrange, comme l'impression de "non, pas déjà!" est forte. J'avais jamais eu ça en France à la fin d'un cours. Maintenant, il me reste à lire pour les exams de novembre, à avancer mon master, et à m'occuper de la paperasse pour la résidence (oui, je suis à nouveau accepté au même endroit pour le semestre prochain), pour la date de retour de mon billet open, pour le visa australien, pour les billets vers la malaisie, pour l'entrepôt de ma valise, et pour les voyages en eux-mêmes. Il y a une soirée ce soir, ça fait près d'une semaine que je n'ai vu personne du groupe à cause de cette dissertation d'histoire. Ca fera du bien de redevenir social. Mes pauses étaient constituées d'extraits de Dr House, c'est pas ce qu'il y a de mieux pour entretenir sa sociabilité (d'ailleurs, hier j'ai été choqué par l'épisode 20 de la saison 5). See you dears!

Difficile tentative

MAIABRED
Les Yeux de L’Aube


« ‘Cause we’re all in the same boat, you know »
Paul, voyageur irlandais rencontré aux confins du monde.
Chapitre 1 : Débuter
Tic. Tic. Tic. L’eau coulait le long de la stalactite suspendue au toit de la maisonnette. Le village entier semblait pris dans la nuit noire. Puis une lueur rosée apparut à l’horizon. En un rien de temps, le ciel quitta sa robe de deuil pour se couvrir de teintes vertes, orangées, rougeâtres… Puis dorées, quand les rayons du soleil vinrent effleurer les plumes du seul coq du village.
Guillaume s’éveilla en sursaut. Très vite, le petit hameau breton serait en ébullition : le jeune garçon n’avait pas de temps à perdre. Il sauta hors de la couche de paille sur laquelle ses trois frères dormaient encore, et sortit de la maisonnette sur la pointe des pieds. La lueur d’une bougie tremblotait à la fenêtre des voisins. On y voyait le reflet d’un garçon de onze ans à peine, blond, aux yeux couleur noisette, et aux vêtements à moitié déchirés par l’usure.
Avançant dans la neige avec détermination, Guillaume remonta la seule rue du village, puis continua à travers champs. Devant lui, une immense masse blanche et noire récoltait les premières couleurs de la journée. La forêt n’était plus très loin, on entendait même les hululements tardifs d’une chouette. Le jeune garçon n’interrompit sa marche qu’une fois arrivé à la lisière du bois. Là, il posa la main sur un vieux chêne et regarda en arrière : trois nouvelles lumières scintillaient dans le village… Mais sa famille dormait encore. Tant mieux.
Aujourd’hui, c’était son onzième anniversaire, et il avait beaucoup à faire. Onze ans, c’était un âge important, un nouveau début. Il devait montrer qu’il n’était plus un « petit », qu’il était capable de surmonter ses peurs, qu’il pouvait atteindre le cœur de cette forêt qu’on disait hantée. Il baissa les yeux et aperçut une primevère à ses pieds. La petite fleur avait sans doute profité de l’abri du vieux chêne pour éclore au milieu de l’hiver. Avec un sourire, Guillaume se retourna et pénétra dans les bois. L’image de cette fleur serait sa protection, son talisman contre les fantômes qui pouvaient l’attendre, cachés dans l’ombre des arbres.
*
Fantômes ! Non, juste l’ombre d’un rapace qui fuse entre les branches. Fées ! Pas du tout, ce ne sont que les dernières feuilles qui tombent et virevoltent dans le dos du jeune garçon… Guillaume se demandait si cette forêt était vraiment hantée, finalement. Il la trouvait plutôt belle, enveloppée dans une atmosphère tranquille, presque douce malgré le froid. Il prenait même du plaisir à marcher sans fin entre les troncs bruns et noirs qui semblaient s’être tous regroupés pour ne rien manquer de son passage. Etre observé par des arbres, quelle drôle d’idée ! Exactement comme dans les vieux contes qu’on lui racontait quand il était petit.
Il y en avait un, tout particulièrement, qui convenait à la situation. C’était l’histoire d’un preux chevalier qui s’était mis en tête de retrouver un joyau magique dont tout le monde parlait comme d’une légende, comme d’un objet parfait que personne ne pourrait jamais approcher… Dans le conte que connaissait Guillaume, cet objet s’appelait « Actione », et donnait à celui qui le tenait la force d’accomplir tout ce qu’il voulait faire. Guillaume se l’imaginait comme une rose de cristal flamboyante, plantée dans un rocher au milieu d’une sombre forêt comme celle-ci. Bien sûr il ne pensait pas trouver une rose magique dans les bois, mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’identifier au jeune chevalier du conte. Dans le conte, le chevalier trouvait l’ « Actione », et l’utilisait d’abord pour soigner les gens, puis pour chercher à vivre éternellement. Mais il finissait par s’ennuyer et, pour s’amuser, utilisait son pouvoir pour faire du mal aux gens autour de lui. Il torturait, manipulait, tuait, et à force de trahisons réussissait à devenir roi. Un jour de novembre, le nouveau roi partit se promener dans la forêt même où il avait trouvé l’ « Actione ». Là, le conte dit que l’objet magique se mit à brûler, et que le ciel, pour punir le méchant chevalier, devint rouge sang et l’engloutit dans une spirale de flammes.
Guillaume réprima un frisson en remarquant que le soleil jetait des lueurs écarlates sur les arbres tout autour. Il leva les yeux au ciel. Ouf, c’était toujours sur un fond bleu que se détachaient les branches froides, au-dessus de sa tête. Quelle idiotie, il s’était laissé prendre à son histoire, et s’était fait peur tout seul. Il leva à nouveau les yeux au ciel, avec un franc sourire cette fois. Comme si s’aventurer seul au cœur de la forêt n’était pas déjà une épreuve assez grande, il fallait que son imagination en rajoute !
Ses pieds continuaient à le faire avancer pendant ces réflexions, et un pas après l’autre les feuilles mortes s’écartaient pour le laisser passer. Mais elles recelaient aussi certains secrets : soudain, le pied gauche de Guillaume, écartant un tas de feuilles mordorées, ne trouva plus de sol sur lequel s’appuyer. Le regard du jeune garçon, comme son corps tout entier, bascula vers le bas et traversa un rideau de feuilles pour se retrouver en chute libre dans une intense lumière d’or.
Pas le temps de penser, ni même d’être étonné. Tout allait très vite : ébloui par la lumière vive, Guillaume pouvait toujours sentir qu’il tombait à grande vitesse, et qu’il finirait bien par s’écraser s’il ne réussissait pas à s’accrocher à quelque chose. Mais à quoi ? Il n’y avait rien, absolument rien autour de lui ! Pas même de parois de terre ou de roche, non, il était comme suspendu en plein ciel… Les battements de son cœur s’accélérèrent, ses membres s’agitèrent dans le vide, sa bouche s’ouvrit comme pour crier mais des rafales d’air noyèrent les sons qui s’échappaient de lui. Ses yeux étaient perdus dans la lumière d’or, il ne savait plus s’il était à l’endroit ou à l’envers… Des taches vertes et bleues l’assaillaient par moment, comme des morceaux d’une réalité éclatée, disparue, perdue, quand soudain son corps heurta le sol. Le contact fut violent, mais Guillaume ne ressentit aucune douleur. Son dos s’enfonça dans une substance molle qui le repoussa presque aussitôt : le jeune garçon rebondit sur plusieurs mètres et parvint finalement à s’arrêter, ventre contre terre, la tête enfouie dans la neige, ou dans quelque chose qui y ressemblait fort.
Le souffle haletant, Guillaume releva les yeux. La lumière dorée était toujours là, et faisait scintiller la substance dans laquelle il était affalé. Elle était blanche comme la neige, froide comme la neige, mais plus vaporeuse, à peine solide… Il avait même l’impression qu’une légère fumée s’en élevait en volutes élaborées, presque irréelles, presque magiques… Lentement, il se releva, étira ses jambes et ses bras, vérifia qu’il n’avait rien de cassé, et regarda autour de lui. A perte de vue, cette même matière blanche, ces mêmes spirales de fumée… Etait-il mort ? Etait-ce cela, ce que ses parents appelaient le paradis ? Ou était-ce l’enfer ?
Le jeune garçon fit quelques pas en avant, sous l’accablante lumière d’or. Au loin, des ombres semblaient se dessiner sur le blanc et or. Il se dirigea vers elles. Marcher sur cette matière était étrange, à chaque moment on avait l’impression de s’y enfoncer et de s’y perdre, mais toujours les volutes de fumée ramenaient le pied à la surface, et le laissaient prendre son envol jusqu’au prochain pas. Guillaume marcha ainsi, la main en visière au-dessus de ses yeux étonnés, pendant plusieurs minutes. Il était arrivé assez près des ombres pour distinguer leurs formes à présent : c’étaient des arbres, tous très feuillus et chargés de fruits. Des fruits dorés, comme le ciel tout autour.
Arrivé au pied d’un arbre, Guillaume tendit la main vers l’un des fruits, qui pendait à une branche basse. Quand ses doigts l’effleurèrent, un rire cristallin envahit l’air. Surpris, le jeune garçon se retourna. Ses yeux fouillèrent les alentours, en vain. Le rire retentit une nouvelle fois, derrière son dos. Avec un sursaut, il partit au pas de course entre les arbres. Quelqu’un l’observait, quelqu’un se riait de lui, le manipulait peut-être, et il ne savait pas où il était, il était complètement perdu. Un « grand » à onze ans… Non, il voulait ses parents, il fallait qu’il parte d’ici. Guillaume contourna un arbre plus gros que les autres, et courut en ligne droite vers un espace découvert. Ici, c’était trop dangereux… Le rire reprit, tout près de lui. Le garçon trébucha.
­­­_ Qui est là ? cria-t-il.
Silence absolu. Plus rien ne bougeait entre les arbres, pas le moindre souffle n’agitait les feuilles vertes et les fruits d’or. Des gouttes de sueur et de peur perlaient sur le front de Guillaume. Il prit une profonde inspiration puis, prenant soin de bien regarder partout autour de lui, se releva et commença à s’éloigner, tout doucement. Un pas, deux pas, trois pas… Tout allait bien.
Puis deux mains le saisirent par les épaules et le plaquèrent au sol, face contre terre. Le rire résonnait de plus belle, juste contre ses oreilles. Lui hurlait et se débattait comme un fou. Un bandeau vint se placer sur ses yeux, pendant que ses bras étaient maintenus croisés dans son dos par ce qui semblait être deux genoux. Il ne voyait plus rien, et ses poignets lui faisaient mal. Pendant ce temps-là, le rire se faisait de plus en plus moqueur. Démon ou sorcière, peu lui importait, Guillaume voulait juste que cette chose le lâche, mais ses pieds n’arrivaient pas à l’atteindre. Soudain, les deux mains, fines mais si fortes, le mirent debout et le firent tourner encore et encore, jusqu’à ce qu’il perde complètement l’équilibre et s’effondre à nouveau au sol. Sa tête continuait à tourner quand une des mains saisit le col de sa chemise et le traina ainsi sur plusieurs mètres. Alors, un dernier éclat de rire retentit, et Guillaume se retrouva seul, pataugeant dans la fumée, le cœur toujours pris par la peur. Malgré la douleur, ses mains réussirent très vite à ôter le bandeau de ses yeux. Le paysage avait changé tout autour de lui : les arbres étaient à une trentaine de pas, et la fumée blanche dessinait des motifs étranges… On y reconnaissait des loups, des cœurs, des chevaux, des poissons, des mains, des armes, des crânes, mais aussi des centaures, des lutins, des lucioles, des serpents, un anneau, une rose, des larmes et des pluies de vapeur dorée…
Mais aucun signe de l’agresseur, aucune ombre furtive, aucune empreinte de pas, aucun son excepté celui du souffle précipité du jeune garçon : il semblait aussi seul qu’il l’avait d’abord cru. Les formes dessinées par la fumée retombèrent lentement sur le sol immaculé. Guillaume était secoué de frissons, il n’aimait pas cet endroit, il ne savait pas ce qui l’avait attaqué et ne voulait pas le savoir… Il fallait rentrer à la maison. Ses yeux se remirent à scruter les alentours. Derrière lui, au loin, semblait se profiler l’entrée d’une maison. Peut-être pourrait-il s’y réfugier, ou trouver des adultes pour l’aider à retrouver son chemin.
D’un pas rapide, le jeune garçon se dirigea vers l’habitation. Il frottait ses poignets rougis par la douleur, et malgré les larmes qui lui montaient aux yeux, il ne cessait d’observer le feuillage dense des arbres, à l’affût de la moindre menace. Pas à pas, il se rapprocha de son but : deux immenses portes de bois, entrouvertes, accueillaient les visiteurs d’une minuscule maison de briques dorées. Une étrange chaleur se dégageait de l’endroit.
_ Il y a quelqu’un ?
Seul un souffle brûlant lui répondit. Cette chaleur lui rappelait les soirées passées en famille autour de l’âtre, dans la maison qu’il avait laissée derrière lui ce matin-là. Rien que d’y penser… Un soupir s’échappa de la bouche du jeune garçon, et son ventre se mit à gargouiller. Voilà qu’il avait faim ! Et froid, aussi… Tremblant légèrement, il poussa un peu plus l’une des portes, et s’engouffra à l’intérieur.
Vue de dehors, la maison avait l’air d’une maisonnette, mais là, de l’autre côté des lourdes portes, Guillaume avait l’impression de se trouver à l’entrée d’un gigantesque labyrinthe souterrain. Les murs de brique formaient un couloir sombre et étroit, qui descendait dans des profondeurs obscures qu’interrompait de temps à autre une torche enflammée crépitant doucement, tout doucement… Les pas du jeune garçon résonnaient dans le noir. Il ne savait plus vraiment quoi faire, il ne s’était pas attendu à un intérieur si étrange, si peu… accueillant, en fait… Bizarrement, il n’osait plus faire de bruit, et élever la voix dans cet endroit était bien la dernière chose qui lui serait venue à l’esprit. Avec précautions, il entreprit de descendre l’escalier, marche après marche, gardant toujours une main sur le mur. Les briques devenaient de plus en plus rugueuses, au fur et à mesure qu’il descendait. Il sentait sous la paume de sa main des irrégularités toujours plus marquées, et des matières différentes appliquées sur les murs. Des peintures sans doute, quelques mosaïques aussi, peut-être… Quand il passait devant les torches, il lui semblait voir briller dans le noir des éclats multicolores accrochés aux parois du couloir. Emeraudes, rubis, topazes… Oui, c’étaient bien des pierres précieuses qu’il sentait sous sa main. Quel endroit étrange ! Et cet escalier qui n’en finissait pas ! Le couloir tournait légèrement sur la droite, et les marches de pierre devenaient plus étroites. Le jeune garçon plissait maintenant les yeux pour ne pas tomber. La chaleur, étonnante à cette profondeur, faisait perler des gouttes de sueur à son front. De temps en temps, il s’arrêtait un instant pour se retourner et regarder derrière son dos. S’il était suivi, il l’entendrait sûrement, mais mieux valait être prudent. Il ne savait pas où il était, et quelqu’un, à l’extérieur, s’était déjà amusé à le terroriser. Etre prudent ! Ce n’était sans doute pas ce qu’il faisait en ce moment même, mais que pouvait-il faire d’autre ? Dehors, c’était sans doute pire qu’ici…
Cela faisait déjà un bon moment que Guillaume tâtonnait dans le noir le plus total. Les torches avaient cessé d’éclairer les ténèbres quand une rafale de vent froid était venue rafraîchir l’atmosphère du couloir. Sous sa paume, il sentait toujours les pierres précieuses et les mosaïques se succéder. La roche avait remplacé la brique sur les murs, et les marches étaient à présent parfaitement irrégulières. Certaines étaient même cassées, effritées, abîmées par le temps, et Guillaume devait à chaque pas poser son pied lentement, très lentement… Se tordre la cheville à cet endroit, c’était dire adieu à la vie, un peu comme un cheval blessé sur un champ de bataille. Il avait vu une bataille, un jour, opposer les hommes de deux seigneurs locaux. Caché dans le feuillage d’un arbre, il avait observé en toute tranquillité les affrontements à l’épée, les rançons demandées, les cris lancés à l’adversaire… Ses oreilles avaient appris quelques nouveaux mots ce jour-là, mais ce qui l’avait le plus marqué était le sort réservé aux chevaux. Les hommes s’en étaient plutôt bien tirés, mais la moindre blessure, pour une monture, équivalait à une mise à mort…
Une violente odeur nauséabonde vint le tirer de ses pensées. Droit devant lui, une lueur bleutée était apparue. Elle était plutôt jolie, agréable… Mais cette odeur ! Gardant sa main droite sur le mur pour continuer à avancer, Guillaume rabattit son bras gauche contre son nez. C’était incroyable, il n’avait jamais senti quelque chose d’aussi épouvantable ! Au point de lui tirer des larmes des yeux et de le faire tousser malgré sa résolution de garder le silence. Sa toux résonna comme un coup de tonnerre dans le couloir… Un coup de tonnerre qui s’entendit répondre une série de cris suraigus et rauques à la fois, émanant de la lumière bleutée droit devant le jeune garçon, qui tout à coup ne fut plus si sûr de vouloir continuer à chercher de l’aide dans cet endroit.
Mais il était trop tard pour faire demi-tour. Soudainement la lumière bleutée pris une teinte rougeâtre, puis ce fut à nouveau le silence. L’oreille tendue, Guillaume resta immobile un long moment. Il n’avait jamais vu une lumière changer si brutalement de couleur, même dans les couchers de soleil qu’il avait souvent observés de la cime des arbres, à l’orée de la forêt. L’odeur s’atténuait petit à petit. Maintenant, il pouvait soit aller de l’avant et improviser, soit tourner le dos à ce qui l’attendait (car il était évident qu’avec le bruit qu’il avait fait, on était en train de l’attendre du côté de la lumière rouge), et se retrouver sans défense, le dos tourné au danger, escaladant un long escalier en mauvais état dans les ténèbres les plus complètes. A dire vrai, il hésita un assez long moment avant d’opter pour la première solution. A petits pas, il avança vers la lumière rouge, croisant les doigts de la main droite tandis que sa main gauche restait près de son nez pour repousser les derniers relents de l’affreuse odeur qui l’avait accompagné dans les derniers mètres de descente. Le sol était plat, à présent, et il faisait assez clair pour voir où l’on mettait les pieds.
Les yeux de Guillaume se réhabituèrent tout doucement à la lumière, et il put voir enfin ces murs qu’il longeait depuis tant de temps. Ils étaient bien recouverts de pierres précieuses, et de peintures qui semblaient raconter une histoire. Malheureusement, elles étaient en si mauvais état qu’il était impossible de comprendre de quoi il s’agissait : Guillaume crut reconnaître le portrait d’un vieil homme, qui attira son attention par une vague ressemblance avec quelqu’un qu’il avait déjà croisé, mais le reste des peintures à sa droite et à sa gauche était décidément bien peu lisible. Puis il faut dire que le jeune garçon n’avait pas tout à fait la tête à déchiffrer quoique ce soit à cet instant précis. La lumière rouge devant lui commençait à l’intriguer.
Avec précautions, il entra dans l’immense pièce, au bout du couloir, d’où émanait l’étrange lumière. Il n’y avait pas de porte, pas de fenêtre non plus : on eût dit un gigantesque tombeau. Guillaume ressentait à la fois de la crainte et une sorte de respect pour cet endroit, il ne pouvait s’empêcher de chercher des yeux le plafond qui s’envolait dans des hauteurs ténébreuses, et qui semblait l’épier dans le noir, prêt à se rabattre sur lui à la moindre faute commise.
Six colonnes de roche taillée ornaient le centre de la pièce, et s’élevaient elles aussi vers le plafond, comme pour échapper au malaise qui se dégageait du sol. Les flammes rouges qui brûlaient à leur sommet ne dissipaient l’obscurité qu’avec difficulté. Elles crépitaient en silence, elles semblaient mourir tout doucement, vaincues par l’ombre environnante et par le noir de la roche.
La seule lumière digne de ce nom émanait d’un immense miroir, installé à l’autre extrémité de la salle, et pour lequel les six colonnes paraissaient former une haie d’honneur. Guillaume ne put retenir une exclamation : c’était le plus grand miroir qu’il avait jamais vu ! Et même s’il n’en avait pas vu énormément dans sa courte vie, cela n’était pas rien : l’objet devait faire cinq ou six fois sa taille en hauteur, et sans doute dix fois sa taille en largeur. Il avait la forme d’un demi-cercle, et reflétait une mare bouillonnante de sang dont la couleur rouge se propageait dans toute la salle. Pourtant, il n’y avait aucune trace de sang en vue devant le miroir.
Rabattant le col de sa chemise contre son cou, le jeune garçon avança jusqu’au centre de la salle. Il voyait maintenant qu’elle était circulaire, et que le sol, à l’endroit où il se trouvait, s’élevait légèrement. Il y avait quelque chose de sacré dans l’air.
_ Un temple… murmura Guillaume pour lui-même. Le miroir, c’est le dieu sanglant qu’ils adorent ici. Ou le diable ? Et là, sous mes pieds, c’est l’autel… Où ils font leur sacrifice… Brrr…
Vite, il descendit de l’autel et rebroussa chemin vers le couloir sombre. Il ne savait pas qui « ils » étaient, et il n’avait aucune envie de le savoir. Des images de monstres aux longues dents et à la fourrure hirsute se percutaient dans son esprit, et rivalisaient d’horreur pour donner plus de vitesse à sa course. Mais il n’était même pas sorti de la grande salle que son cœur s’arrêta tout à coup. C’était pire que ce qu’il avait imaginé. Là, devant lui, sur les murs de roche qui encadraient la sortie… Deux ombres gigantesques étaient apparues. Puis deux autres les avaient rejointes. Et une dernière, plus grande encore que les autres, si grande qu’elle se perdait dans les ténèbres, apparut juste au-dessus de lui. Il ne pouvait plus s’enfuir. Son cœur, qui s’était arrêté un instant, se mit à tambouriner de plus en plus vite, comme pour rattraper son retard, ou pour sortir de sa poitrine et le laisser tout seul face à son destin. Le jeune garçon se rendit compte que sa lèvre inférieure, coincée entre ses dents, s’était mise à saigner abondamment. C’était bien le moment d’exciter la faim de ses ennemis avec la vue et l’odeur de son sang !
_ Pourquoi, pourquoi je suis descendu ici ? Et pourquoi j’ai eu besoin d’aller mettre mes pieds sur leur autel ?
Ses doigts se crispèrent dans l’attente du premier coup de dents ou de patte, mais les ombres, derrière lui, demeuraient immobiles. L’odeur de pourriture qui l’avait assailli dans le couloir, en revanche, était à nouveau présente, et plus forte que jamais, au point que le jeune garçon commençait à se demander s’il mourrait d’abord asphyxié ou déchiqueté… Ou de peur… Il ne pouvait plus rester comme cela, il fallait qu’il bouge, son cœur poussait maintenant dans tous les sens pour trouver une sortie dans sa cage thoracique. Serrant les poings et les dents (il avait pris soin de relâcher sa lèvre inférieure après avoir senti qu’elle était trop blessée pour s’enfuir toute seule en le laissant en larmes derrière elle), Guillaume fit volte-face.
Sa surprise fut telle qu’il faillit tourner de l’œil : il n’y avait rien, rien à droite, rien à gauche, rien devant lui à part le gigantesque miroir, qui continuait à projeter sa lumière rouge. Le jeune garçon poussa un soupir de soulagement, mais ne put s’empêcher de vérifier si le col de sa chemise était toujours bien rabattu contre son cou. Il y avait de la magie là-dessous. Rapidement, il jeta un œil au mur derrière lui : les ombres n’étaient plus là, et devant lui aucun monstre n’était en vue. Son regard glissa finalement vers les deux colonnes les plus proches du miroir. Quelque chose avait attiré son attention. Un mouvement furtif, un reflet peut-être, venait de passer derrière elles. Son cœur battait maintenant en direction de son dos : peu importe ce qui se cachait derrière ces deux colonnes, la sortie était là, toute proche, et en se dépêchant Guillaume pouvait l’atteindre très facilement. Sa curiosité rendit les armes, et après une seconde d’hésitation, le jeune garçon se dirigea à nouveau, à reculons, vers le couloir sombre.
Un grognement rauque sonore retentit alors derrière les colonnes. Cette fois les jambes de Guillaume prirent aussi la décision de s’enfuir, et laissant toute prudence de côté, partirent au pas de course vers le couloir obscur… Qu’elles ne purent jamais atteindre. A peine s’étaient-elles mises dans la bonne position pour courir comme jamais elles ne l’avaient fait, qu’elles rencontrèrent un obstacle hurlant sur leur route. Le jeune garçon trébucha tandis que les murs de roche répercutaient le cri de douleur poussé par l’obstacle en question.
Les mains de Guillaume s’écorchèrent sur la roche froide, et son corps tout entier bascula sur le côté, soulevé par la masse rouge et filandreuse qu’il avait heurtée.
_ Qu’est-ce que… !
L’odeur de pourriture était de retour, et assaillait cette fois chacun des pores de la peau du jeune garçon. Elle émanait d’un être de la même taille que lui, encore recroquevillé au sol, enchevêtré dans une masse de cheveux écarlates très épais. Guillaume se redressa à la vitesse de l’éclair, les yeux fixés sur cette étrange chose qu’il avait renversée. Il ne vit pas que, derrière lui, quatre autres « choses » en tous points similaires à celle-ci s’approchaient précautionneusement. Leurs longs cheveux rouges encadraient un visage d’une blancheur éclatante et descendaient en une centaine de nœuds et de fourches jusqu’à des pieds longs et plats, pourvus d’ongles noirs. Une tunique de feuilles noires et de fleurs bleues cachait l’essentiel du corps des cinq habitants du temple, qui auraient très bien pu passer pour un groupe d’enfants très bien déguisés, si leurs yeux et leurs bouches n’avaient pas été si particuliers.
Celui que Guillaume avait bousculé le regardait maintenant droit dans les yeux. Et quel regard ! L’iris couleur miel s’étendait presque à l’œil tout entier, renforçant l’intensité du point noir central, qui brillait dans l’atmosphère sanglante diffusée par le miroir dans le dos du jeune garçon. Les cinq êtres ouvraient légèrement leur bouche sans lèvres, sans doute surpris de voir un intrus dans leur sanctuaire, et découvraient une rangée de dents vertes et carrées. Pas besoin de chercher plus loin l’origine de l’odeur de pourriture…
Le miroir se mit soudain à changer de teinte, et les six personnes présentes dans la pièce se retournèrent comme un seul homme vers lui, ce qui permit à Guillaume de se rendre compte qu’il était à présent presque encerclé par ses hôtes. Ceux-ci se précipitèrent vers le miroir, parlant entre eux dans une langue inconnue, d’une voix rauque et profonde, quoique visiblement excitée. Quelque chose d’inhabituel se passait, et ils en oubliaient même la présence du jeune garçon. Dans le miroir, des images floues se formaient et se succédaient. Beaucoup de blanc et de noir, d’abord, puis des couleurs chaudes vinrent colorer un paysage enneigé que le jeune garçon connaissait bien. Très vite, il vit une image de lui se diriger vers l’image d’une forêt, s’arrêter à côté de l’image d’une primevère, disparaître soudainement dans un fond doré, et atterrir sur ce qui apparaissait nettement comme l’image d’un nuage blanc parsemé d’arbres fruitiers. De nombreux signes inconnus parsemaient tout cela, et les cinq habitants du temple semblaient y attacher beaucoup d’importance.
Soudain, l’un d’entre eux se retourna et déclara :
_ Vous êtes le bienvenu sur Maiabred, jeune Guillaume…



CHAPITRE 2 : UN NOUVEAU MONDE
Les yeux écarquillés, le jeune garçon n’entendit plus pendant quelques secondes que le bourdonnement de ses oreilles. Les pensées fusaient si vite dans sa tête qu’elles s’entrechoquaient et luttaient pour atteindre le plus rapidement possible ses cordes vocales. Les étranges habitants du temple observaient cette réaction d’un air inquiet, et s’approchèrent à nouveau de lui. L’odeur de pourriture devint plus forte, et Guillaume se rendit compte qu’il avait la bouche grande ouverte.
_ Euh… B… Merci… parvint-il à articuler. Mais, excusez-moi… Je suis où ?
La plupart des êtres qu’il avait en face de lui découvrirent largement leurs dents verdies par le temps. Leur façon de sourire, sans doute.
_ Maiabred est un monde vaste, lui répondit celui qui semblait être le chef du groupe. Si vaste que nous ignorions qu’il y avait quelque chose d’autre, nous qui sommes pourtant les gardiens suprêmes du savoir. Mais vous êtes la preuve vivante que le savoir aujourd’hui ne signifie rien, il est infini et nous n’en aurons qu’une infime partie, toujours trop petite.
Un soupir général fit frémir les cinq êtres, tandis que l’odeur de pourriture faisait rougir le visage de Guillaume, qui avait choisi de rentrer en apnée jusqu’à nouvel ordre.
_ Ce grand objet, continua son interlocuteur en se retournant vers l’immense miroir, est le détenteur de notre savoir. Nous l’appelons L’Œil, celui qui voit tout et qui sait tout…
A cet instant, l’un des adorateurs de L’Œil émit un petit couinement et, les traits du visage tirés, comme s’il faisait un effort, s’avança vers Guillaume. La réaction des autres fut immédiate. Deux d’entre eux maîtrisèrent le couineur, le rejetèrent en arrière, et le chef du groupe s’adressa à lui d’une voix sévère, toujours dans cette langue inconnue :
_ Ssshhht ! Vit, Tarok !
Le couineur prit un air renfrogné, secoua violemment la tête, puis prit le parti de filer vers l’une des hautes colonnes, qu’il escalada sans peine. Arrivé au sommet, tout près de la flamme qui léchait les ténèbres au-dessus, il se mit à observer la scène silencieusement.
_ Veuillez excuser son comportement, il vous a singulièrement manqué de respect, mais nous lui ferons regretter cet affront, reprit l’être le plus bavard.
_ Ce n’est rien…
_ Si, c’est important. Vous vivez vos premiers instants parmi nous, et ceux-ci doivent être sans tache. Venez, venez voir la puissance de L’Œil…
Guillaume fut saisi par le bras et entraîné devant le miroir rouge sang. Il était rassuré d’avoir affaire à des créatures parlantes, qui pouvaient ressembler à de petits humains aux cheveux rouges et aux grands pieds, si l’on faisait preuve d’un peu d’imagination et, surtout, si l’on faisait abstraction de l’odeur.
_ Allez-y, posez une question, reprit son interlocuteur.
Le miroir semblait véritablement immense à cette distance. Quelle question pouvait-il bien poser ? Les idées qui voguaient dans sa tête se mirent à nouveau à s’affoler, à fusionner et à s’entretuer.
_ Un nouveau monde, d’accord… prononça-t-il finalement. Mais à quoi il ressemble ? Est-ce qu’il y a autre chose au-delà de… D’ici ?
La couleur du miroir se mit à changer lentement, le rouge devint rose puis violet, puis bleu roi avant de tourner au bleu nuit. Et, soudain, une centaine d’images se succédèrent devant ses yeux. Il reconnut des lutins et des fées, d’étranges poissons et d’autres créatures qu’il croyait imaginaires ou inimaginables. Il vit aussi de hautes montagnes, des fleuves, des mers, des cavernes, et crut apercevoir une ville – une ville fortifiée peuplée d’humains. Puis l’écran redevint rouge, et se tut.
_ Incroyable !
_ Et pourtant vrai. L’Œil est tout-puissant, je vous l’avais dit…
_ Oui… C’est comme cela que vous avez su mon nom…
_ Tout à fait, tout à fait !
_ Pardonnez-moi, mais je ne crois pas que vous m’ayez dit comment je peux vous appeler… Oh, je peux essayer de demander à L’Œil ?
Avant même que son interlocuteur embarrassé ait eu le temps de lui répondre, le jeune garçon avait posé sa question au miroir géant. Et la réponse se dessinait sous les yeux du petit groupe.
Lentement, le rouge vira au brun, puis au vert et au jaune, et cette fois ce furent des lettres qui apparurent les unes à la suite des autres.
_ Lubelin ?
_ C’est le nom que nous nous sommes donnés, en tant que groupe ayant les mêmes caractéristiques physiques. En tant qu’espèce, si vous préférez, même si je n’aime guère ce terme appliqué à des êtres ayant notre intelligence.
Un signe de tête général parcourut l’assemblée : les lubelins étaient bien plus qu’une espèce, cela ne faisait aucun doute. Guillaume commençait à oublier ses peurs, au milieu de ces êtres avec lesquels il pouvait discuter comme il le faisait avec ses frères ou avec des camarades de son village. Il faut dire que leur taille les rendait moins impressionnants.
_ Est-ce qu’il est dangereux ? demanda-t-il en désignant de la tête le lubelin couineur, toujours perché en haut de sa colonne, qui le regardait avec des yeux presque exorbités depuis déjà un bon moment.
_ Tarok ? répondit le chef du groupe. Oh non, ne vous inquiétez pas, il est juste un peu… Un peu bizarre, diff…
La surprise avait remplacé l’assurance sur le visage du lubelin. Ses yeux étaient rivés sur le miroir, qui s’agitait à nouveau. Stupéfait, Guillaume vit sa propre image se former sur un fond noir. Petit à petit, des éléments se rajoutèrent autour de lui : le miroir le représentait en train de dormir au milieu des six colonnes de cette même salle, sur les pierres surélevées qui formaient une sorte d’autel. Dans le miroir, son sommeil semblait paisible et profond. Mais quelque chose n’allait pas, le fond noir semblait grignoter l’image, l’assaillir, l’affaiblir, la rendre floue et la faire vaciller sous la pression. Alors, le jeune garçon et les cinq lubelins virent trois taches rouges s’avancer lentement vers son corps endormi. L’une d’entre elles brillait étrangement. Le miroir opéra un rapprochement, et tous purent voir que sous chacune des taches rouges se trouvait un corps d’une blancheur lunaire, aux pieds disproportionnés. Chacun des lubelins représentés par L’Œil découvrait largement ses dents verdâtres, mais l’un d’eux brandissait aussi une longue lame d’argent. Guillaume vit avec horreur son propre crâne fendu par le coup du lubelin armé.
Ses yeux emplis de dégoût et d’horreur se détournèrent du miroir… et rencontrèrent le regard de son interlocuteur, bien moins amical qu’auparavant. L’iris couleur miel s’était rétractée au profit d’un centre noir menaçant.
_ Oh non, non, jamais vous n’auriez dû voir cela…
Le jeune garçon n’hésita pas une seconde. Il s’était trompé, trompé ! D’un mouvement vif, il s’écarta des quatre lubelins. Comment avait-il pu… Aïe ! Une douleur vive éclata dans son bras.

Vaine archive

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
C’est vrai. Pourquoi ne pas écrire directement ce que l’on a à dire, le message que l’on veut faire passer, le fait que l’on veut rapporter ? Pourquoi faire appel au lyrique, à la rhétorique, et à d’autres trucs en –ique ? Pourquoi des centaines d’auteurs ont-ils préféré entourer leurs vérités d’un voile d’illusion et de mystère ? Petite enquête non-exclusive.
Suspect n°1
Mademoiselle Beauté, vous êtes priée de vous rendre en salle d’interrogatoire. Nous vous soupçonnons d’être l’aspiration de tout texte travaillé. Le témoin Platon a rapporté que, par votre nature, tout être aspire à se rapprocher de vous. Qu’avez-vous à répondre à cela ? « Je n’ai rien à dire, répond la beauté, si ce n’est que je ne suis pas responsable de ma nature. Et puis, je vous avouerai que je ne pense pas que tous ces auteurs désirent se rapprocher de moi pour ce que je suis… Presque tous, ils ont un autre but au-delà de moi-même. » Mais vous pleurez ! Vite, quelqu’un pour s’occuper de Mlle Beauté s’il-vous-plaît !
Joue-t-elle la comédie ? Je ne crois pas, non, elle a l’air si sincère… Serais-je sous son charme ? Son charme ! Mais bien sûr, c’est pour s’emparer du charme de la beauté et s’en parer que tout le monde recherche ses faveurs… Mais à quoi peut bien servir ce charme ?
Suspect n°2
Attrapez-là, elle ne doit pas s’échapper ! Vous êtes cernée, Censure, sortez de votre cachette, les mains en l’air ! « Vous vous trompez, je ne suis pas censure, elle a disparu il y a des années ! Je suis sa cousine, Suggestion-de-non-publication-pour-un-maximum-de-profit. » Waouh, ça c’est du nom composé… Ben sortez quand même, j’aurais quelques questions à vous poser ! Ah, la voilà. Savez-vous que votre cousine est soupçonnée de pousser tous les auteurs de littérature à recourir au charme de la beauté ? « Censure ? Non, je ne peux pas croire cela d’elle… » Pourtant, tous les indices la désignent comme responsable : pourquoi utiliserait-on le charme de la beauté sinon pour mieux faire passer ce qui pourrait susciter une répression forte du pouvoir ? « Voyons, inspecteur, vous manquez d’imagination. Ma cousine n’a pas un tel pouvoir, et moi-même ai souvent emprunté le charme de la beauté à d’autres fins…» Eh bien, je crois que si vous développez ce dernier point, nous pourrons négocier la manière dont vous passerez les prochaines années… Aimez-vous les barreaux ?
Suspect n°3
La dénommée Persuasion, alias Tromperie, alias Séduction, etc. (…), est accusée d’utiliser le charme de Mlle Beauté à des fins personnelles, lesquelles fins ayant déjà impliqué une collaboration étroite avec l’ennemi public n°1, Censure, notamment par l’échange d’armes destinées à miner le sens des mots, causant ainsi des milliers de victimes de par le monde. Voilà les charges qui pèsent contre vous, Persuasion, vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous lors de votre passage en jugement… « J’aimerais tout de même dire quelques mots, inspecteur, avant que vous ne me passiez les menottes. » C’est votre droit. « Oui, je suis coupable d’avoir emprunté à Mlle Beauté son charme, et j’avoue même m’en être souvent paré, mais l’on peut difficilement appeler ce menu larcin un crime. » Ce sera à la Cour d’en décider. « Certes, certes, mais il faut avouer que votre accusation ne tient pas la route, d’autant plus que je pourrais très bien la retourner contre vous-même. Mais oui inspecteur ! Regardez seulement le début de cet article : que voyez-vous ? Un triple rythme ternaire, encadré par deux phrases courtes pour lancer puis pour clore le paragraphe. Prenez la première de ces phrases : elle ne contient que des mots d’une syllabe ! Parfait si l’on veut éveiller l’intérêt de quelqu’un, n’est-ce pas ? » Arrêtons-là, je vous prie, je vous rappelle que c’est vous, l’accusé. « Je n’ai pas fini ! Prenez la deuxième de ces phrases : vous n’avez pas l’impression qu’elle a un rythme bien marqué ? C’est peut-être grâce aux consonnes occlusives, qui rendent le son d’un tir de mitraillette… Je ne dis pas que vous faites de la poésie, inspecteur, et à dire vrai j’ai déjà vu bien mieux que cette lamentable tentative d’introduction, mais vous aussi, vous essayez de persuader ! Vous aussi, vous êtes coupable ! Vous aussi, vous trouvez qu’un texte a plus d’intérêt avec un brin d’invention ! » Attention, elle utilise sa force persuasive contre moi ! Qu’on la bâillonne ! « Non ! Je ne me laisserai pas faire ! Je me suis assez tue, j’ai assez entendu de critiques, de piques, d’attaques, et cette fois je ne serai pas votre bouc-émissaire ! » Y a pas à dire, chef, elle a un vrai pouvoir de persuasion, cette Persuasion… « Mmmmmhmmhmmmmh ! » Quoique, avec le bâillon, elle est un peu moins performante.
Le Procès
L’accusée est appelée à la barre : Mme Persuasion, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Et qu’on lui enlève ce bâillon, huissiers, c’est ridicule !
« Je plaide coupable, monsieur le Juge. Coupable d’avoir aidé la Trahison, coupable d’avoir apporté mon soutien à la mésentente, coupable d’avoir justifié la censure et le despotisme, coupable d’avoir aveuglé par de grands mots toute l’Humanité, coupable d’avoir parfois poussé la Mort à travailler sur ses jours de repos, coupable aussi d’avoir assassiné plusieurs fois la Raison… Mais, mesdemoiselles et messieurs les jurés, si je suis coupable de tout cela, je le suis encore de bien d’autres choses. Je suis coupable de transformer l’eau en onde azure scintillant sous une voûte étoilée, je suis coupable de rendre le monde plus beau aux yeux de quelques uns, j’ai laissé ma trace dans toutes les chansons que vous écoutez, j’étais là quand Martin Luther King prononça son discours « I Have A Dream », je l’avoue, je suis coupable d’avoir entraîné l’Humanité dans bien des aventures, jusque sur la Lune, coupable enfin d’avoir bien des fois fait naître l’Amour dans des cœurs inconnus… On m’appelait alors Séduction. Depuis ma plus tendre enfance, je ne m’adresse qu’au cœur. Il me comprend, mais l’esprit parle une autre langue. Seule avec le cœur, je lui parle de tout et de rien, alors il m’écoute, et bien souvent il m’aime et me suit… Même quand je me trompe, même quand je le trompe, car l’esprit n’est plus là pour le conseiller. Voilà mon problème, l’esprit ne connaît pas assez souvent ma langue, et s’il s’intéressait un peu plus à moi, je suis certaine que je ne ferais pas autant de ravages… C’est tout ce que j’ai à dire. »
Mesdemoiselles et messieurs les jurés, je vous laisse délibérer…
Lahire

mercredi 14 octobre 2009

Je Mange Trop de Marshmallows

J'ai eu mon dernier cours de littérature pour enfants. Snif.
"Nous avons pensé que, pour ce dernier cours, nous pourrions parler de la fin dans plusieurs oeuvres de fantaisie que nous n'avons pas étudiées, et plus particulièrement de la fin des films qui en ont été tirés. Comment revenons-nous dans le monde réel? Comment laisser derrière les lieux visités dans la fantasy? Quitter le livre, c'est aussi revenir au monde des devoirs, des achats de noël, des soucis quotidiens. Un peu comme nous qui, lorsque nous nous quitterons dans une heure, laisserons derrière cette formidable aventure vécue ensemble ce semestre, pour envoyer des courriers urgents ou faire le ménage."
Ont suivi des extraits de "L'Histoire Sans Fin" (à chaque voeu qu'il fait dans le monde du livre, Bastien perd un souvenir du monde réel: pourquoi voudrait-il rentrer à la maison s'il ne s'en souvient plus? La réponse est l'amour pour ses parents à la fin du film, dont les derniers mots sont "I love you, dad"), de "The Time Bandits" (à la fin, les méchants parents du petit Kevin explosent et Dieu se marre), de "Les Visiteurs" ("Mais qu'est-ce que c'est que ce biiins?", il faut que je les trouve ici avec les sous-titres anglais, c'est un souvenir d'enfance qui fait chaud au coeur) et du "Magicien d'Oz" ("there is no place like home" sont les derniers mots de celui-là).
A la fin du cours, les applaudissements se mêlent au générique de fin du "Magicien d'Oz": "Somewhere, over the rainbow...". Je m'attendais presque à entendre "I'll sing you to me, Mrs Boss"...
Bref, faut vraiment que je m'oriente de ce côté-là. Faut pas que je l'oublie. Parce que là, j'écris une dissert'd'histoire, et même s'il faut vraiment se forcer pour s'y mettre, une fois que c'est en route il n'y a plus moyen de s'arrêter. J'ai fouillé les archives pendant plusieurs jours, mardi non-stop de l'ouverture à la fermeture de la bibliothèque (je connais les horaires de tous les employés maintenant, et même ce qu'ils pensent des clients pour certains). Et là, je suis en phase de rédaction. Mais c'est pareil, comme dirait Edward le vampire, "une fois qu'on commence, une sorte de frénésie s'empare de nous et il n'y a plus moyen de s'arrêter".
Sur un autre sujet, j'ai appris que nous sommes tous faits de poussière d'étoile. Selon les termes scientifiques et selon une de mes profs, le big bang a créé une expansion de poussière d'étoile, ou "matière", qui constitue les étoiles, mais aussi la Terre, et nos propres corps. La poussière d'étoile, c'est tout ce qui conserve un peu du rayonnement de la lumière produite par l'explosion du Big Bang, c'est tout ce que l'on peut voir.
L'univers serait constitué à la fois de poussière d'étoile et d'une autre matière, environ 50 fois plus importante en quantité, et qu'on ne peut pas voir: la matière obscure ("dark matter"). Certains pensent que cette matière obscure constitue d'autres mondes (théorie du multiverse, qui a de plus en plus de succès, apparemment liée à quelque chose appelé "Toffoli gate" ou "Tuffoli gate"). Les plus grandes concentrations de matière obscure se trouvent dans les "trous noirs". C'est cette même matière obscure qui a été créée en Suisse l'an dernier.
Bref, la matière obscure, comme la poussière d'étoile pour nous, constituerait d'autres mondes, différents, présents en même temps que nous mais invisibles. Et des variations d'une manière ou d'une autre pourraient expliquer des phénomènes dits surnaturels (genre fantômes ou au-delà). Si on suit l'idée des fantômes, nous passons du côté obscur quand nous mourrons, c'est-à-dire que la poussière d'étoile devient matière obscure (je ne suis plus du tout dans les théories connues là, seulement dans mon imagination).
Donc je passe du côté obscur en mourrant. Cela veut dire que la vie est la perte de l'éclat de la poussière d'étoile (d'où le blanchissement des cheveux, le jaunissement des dents, etc). Eclat qui est la continuité du Big Bang, dont le coeur se fait écho ("boum boum", "big bang"): chaque nouveau grain de poussière d'étoile naît de la collision de deux autres grains de poussière dans la course de l'univers vers l'extérieur du point de l'explosion (comme dans un tremblement de terre: les ondes s'éloignent de l'épicentre).
Ces grains de poussière se heurtent, reproduisant peut-être un mini-big bang (un little bang, comme un coup de foudre). Soit le big bang a lieu, soit les grains de poussière sont trop lisses ou se rencontrent au mauvais point, et continuent leur course dans la poussière dans des directions différentes. Admettons que les deux grains de poussière aient des "atomes crochus", il peut ressortir de la collision un plus petit grain de poussière qui rejoint la course jusqu'à ce qu'il perde son éclat de poussière d'étoile dans son éloignement progressif de l'explosion première.
Et pour finir, "de poussière tu redeviendras poussière", la poussière d'étoile perd son éclat et devient matière obscure. Sauf que, avant que le corps sans vie devienne invisible, il faut du temps. Donc il conserve de la luminosité un moment (ou serait-ce une persistance rétinienne générale?). Mais j'ai envie d'ajouter la théorie des 13 grammes. Ces 13 grammes qui s'en vont au moment de la mort sont invisibles, pourtant ils s'en vont. Trois explications. Soit ce sont tout simplement les derniers grammes d'air en nous, soit c'est le corps désincarné d'un être supérieur qui nous a incarné le temps d'une vie dans le cadre d'une émission de télé-réalité supragalactique, soit ce sont 13 grammes de matière obscure qui sont présents en nous. Et là ça devient intéressant pour l'idée d'âme: ce qui ferait marcher le cerveau et le coeur, serait-ce de la matière obscure? Un point noir enfermé dans un corps lumineux? Voilà qui intéresserait Platon.
Et à ce moment-là, le monde obscur et l'au-delà seraient la même chose en partie.
"In what they are, Spirits. In what they do, Angels" (St Augustin)
"In what we are, Spirits. In what we do, Matter" (Phillip Pullman).
Maintenant imaginons qu'un grain de poussière d'étoile, qui conserve l'élan du big bang, rencontre un caillou immobile. Dans la force de la collision, il est rejeté en arrière. S'il est rejeté assez loin, et s'il ne perd pas tout son éclat, il peut, parce qu'il a compris comment marche la poussière d'étoile, écrire des trucs comme "de poussière tu redeviendras poussière".
Ca pourrait faire une bien jolie histoire tout ça. Qui se sent d'écrire un "Her Light Materials" en réponse au "His Dark Materials" de Pullman? De mon côté j'ai perdu une heure, je retourne à ma dissertation, qui apparemment me perturbe l'esprit et l'imagination.

jeudi 8 octobre 2009

Variété

Ola ola compagnie! News de cette fin de semaine: fin de la lecture des pamphlets sur la guerre de 1860, je remercie Starbucks pour leur contribution. Reste à trouver les débats parlementaires de 1859.
Le temps est pourri depuis la semaine dernière (mais les nuages s'en vont la nuit), je sais maintenant respirer les gouttes d'air dans le rideau aquatique qui nous tient lieu d'atmosphère. Et il fait toujours froid.
Soirée d'hier intéressante. Resto de spécialités de la Nouvelle-Orléans, décoration impressionnante (c'est un caractère très fort des cafés et restos ici: tant qu'il y a un espace de libre au plafond ou sur les murs, on continue à y coller des affiches, des guirlandes, des pinatas, des jouets, des plantes, etc...). Le jambalaya était épicé mais pas trop, et l'ambiance sympa. Puis soirée continuée au Dragon Welsh Bar, un pub cosy avec fauteuils et feu de cheminée, recettes et légendes galloises placardées au mur, lumière d'ambiance verte, drapeaux des pays et régions celtiques. Et presque vide. Le barman est sympa et il sait ce qu'il fait, mais m'aurait-il roulé? J'ai tenté l'absinthe, et la fée verte n'a pas fait plus d'effet qu'un pastis (avec le même goût). Le spectacle était au moins au rendez-vous: dans la lumière verte ambiante, le sucre a flambé et a roussi au coeur de la cuillère d'alcool à 72 degrés (supposément). La bière brune est aussi très bonne là-bas paraît-il. L'établissement était un bâtiment de toilettes publiques à l'origine, et a maintenant des airs de maison hobbit. Après une partie de billards dans ce qui était "the ladies' restroom", nous sommes rentrés, et je me suis mis à chercher de la bonne musique française à partager avec les gens d'ici. 72 titres téléchargés en une nuit, de diam's à cabrel, qui résonne en ce moment dans ma chambre, après naheulbeuk, calogero, christophe, christophe willem, aznavour, dyonisos, noir désir, indochine, johnny, zazie, emma daumas, les enfoirés...
Un choc m'a frappé hier à "The Warehouse" (l'endroit pas cher où tu trouves tout ce qui n'a pas besoin d'être mis au frais et que tu pourrais trouver dans une de nos grandes surfaces). Les décorations de noël commencent à apparaître: chocolats, guirlandes, costumes, sapins même. Et juste à côté, les piscines gonflables et les tongs commencent à être mises en rayon. Voir les deux côte-à-côte, c'est très perturbant.
Dernière petite note: la Nouvelle-Zélande est vraiment le pays des oiseaux. Les tui restent à l'extérieur, mais les moineaux et les pigeons sont chez eux dans les amphis, bibliothèques, cafés en tous genres, magasins, etc... Enfin, un peu moins dans la bibliothèque maintenant parce qu'on a un chat (allongé en permanence mais quand même, il veille - du moins on le suppose, et les oiseaux aussi). La bibliothèque est vraiment agréable, celle de l'école est minuscule à côté de ce géant à sept étages bien fournis.
Ce sera tout pour aujourd'hui, je vais poster des photos de mes profs dans un prochain message, pour prouver que je bosse quand même, et pour que vous puissiez avoir un aperçu des gens qui apparaissent régulièrement sur ma rétine.
Hugs à tous, je pense à vous même si je sais que je suis encore très en retard dans mes mails. A bientôt!

lundi 5 octobre 2009

Soirée en Ethiopie

Je reviens du resto éthiopien à Brooklyn. C'est magique d'être étudiant international: l'un d'entre nous vient d'Ethiopie, et nous a tout expliqué sur les coutumes, nourritures, monuments (etc) dont on trouvait des traces dans le restaurant. Nous sommes restés avec la famille propriétaire après la fermeture (c'était la première ce soir), et nous avons participé à la cérémonie du café (danse, prière, café et pain faits maison - les meilleurs que j'aie jamais goûtés). J'ai discuté criminologie en fin de soirée, et je pense vraiment prendre un cours de psychologie ou de criminologie au second semestre. Et j'ai été invité à Washington DC dans 2 ans par une future membre du NCIS ou de la Croix-Rouge américaine si tout va bien. Intéressant.
Niveau rêves, c'est aussi troublant: j'ai fait un rêve en janvier-février, et il s'est réalisé aujourd'hui. A l'époque, je pensais être à l'université d'Auckland (déception au réveil), mais la salle était bel et bien celle de mon cours de poésie ici à Welly, la discussion était la même, et mes pensées aussi, clairement et nettement les mêmes, jusqu'à ce que le souvenir ressurgisse comme un éclair qu'un tremblement de terre aurait libéré de ma mémoire (haha, drama). Encore plus troublant: une personne avec qui je n'ai pas été en contact depuis un bail fait une apparition dans mon rêve cette nuit, et à mon réveil je découvre son mail dans ma boîte de réception. Weird weird... Et les relations de groupe ici semblent se compliquer un peu, mais je veux rester lumière: pas de secrets, plus de secrets. Et il est temps de dormir, bonne journée à vous!

samedi 3 octobre 2009

Matiu Somes Island


Week-end froid mais heureux. Au lieu de bosser sur ma dissert' d'histoire et sur mon master (mon superviseur ici semblait s'attendre à ce que je lise 10 livres par semaine pour mon sujet, j'en ai lu quatre depuis juillet, et encore, pas en entier - arg), me voici embarqué sur le Dominion Post City Cat pour la réserve située sur Somes Island. Le principe: s'y rendre en tant que volontaires, et avoir le droit d'y passer la nuit en échange de quelques heures de travail. Au programme ce week-end: arracher les herbes qui étouffent les jeunes arbres réintroduits sur l'île, en planter de nouveaux, et désinstaller un système de panneau solaire et de hauts-parleurs plantés dans le bush pour attirer les Matton Birds, qui ont déserté l'île il y a quelques décennies. Retour plus tôt que prévu pour éviter la tempête. Il faisait si froid qu'on s'est pris la grêle sur le bateau. En fait, c'est pas parce qu'on est aux antipodes qu'il fait beau et chaud. Je crois qu'on n'a pas encore eu une température supérieure à 20°c depuis juillet. Dehors, ça ressemble plus à l'automne qu'au printemps. Qu'importe! c'est parfait pour halloween. By the way, on a vu des pingouins sur l'île, mais pas de tuatara. Et vu que je n'ai pas pris de photos pour ne pas les aveugler (ils sont nocturnes et craignent la lumière), voici une image d'un "blue penguin" (le plus petit pingouin au monde) prise sur le web, qui ressemble bien à l'attitude qu'ils avaient quand on les dérangeait. Very cute, even when sulking!

mardi 29 septembre 2009

I can dance

Dans la catégorie Trivia, Elodie a un nouveau téléphone et yes, i can dance. Non, ce n'est pas le premier avril, la preuve en image en ce qui me concerne:




La vidéo n'est pas pour aujourd'hui. Today, j'ai imprimé ma dissertation sur Narnia et The O Trilogy (très frustrant d'être limité à 4 pages, je table sur un B pour celui-ci, je le sens moyen). Et j'ai le brouillon presque entièrement rédigé de mon explication d'un poème du "Jésus Maori", JK Baxter, "The Ikons". Y a plus qu'à taper, comme dirait Rocky. Ma pause dvd de la semaine, c'est "Mémoires d'une Geisha", et pour l'instant c'est très beau. Il ne fait pas trop froid dehors aujourd'hui, tant mieux, je vais au café dans quelques minutes. Hugs!

samedi 26 septembre 2009

Info

Mes frenchies adorés, j'ai désormais 11 heures de décalage avec la France. Il est 1h30 du matin ici, donc 14h30 du côté de Lyon. Hug!

Dancing

Recette pour danser de plein gré (à tous les récalcitrants) : une scène, du vieux rock et de la pop des années 90 ou début 2000, un minimum de six bières, un groupe solide, des hugs dans tous les sens, et c'est parti! Soirée finie en beauté par fish n'chips à 3h30, ce fut une très belle nuit et une très belle journée. Plus de détails sur la vie à Welly très bientôt.

vendredi 18 septembre 2009

vendredi 11 septembre 2009

"You Want More Fans, I Want More Stage"

HILARIOUS, GRANDIOSE, HYPERCALIFRAGILISTICAVILOCIOUS ! La performance de ce soir était so good! And we have it on VIDEO! Yeehaa! Bien réconfortant après la matinée et le public de jeunes filles de l'Ecole Catholique Queen's Margaret (comment ça, "improper"?). Ce soir on a pu se lâcher, sans craindre de choquer le public, et on a été récompensés plus que jamais. Encore mieux que la première, qui n'était déjà pas mal! So much fun, YOOOHOOOO!

"Riding on my little white poney, riding on my little white poney, riding on my little poney, this is how it goes: front front front my baby, back back back my baby, side side side my baby, this is what she told me! Yeeehaaa!"

vendredi 28 août 2009

Samoa 1

Hey! J'ai trouve l'un des seuls ordinateurs disponibles sur l'ile, en vrai geek j'ai pris une heure d'internet au lieu d'aller me baigner dans les eaux turquoises du pacifique. Bref, tout va bien, vacances extraordinaires, as in a dream or in a dream of a dream. Photos a mon retour. Activites depuis l'arrivee, en vrac: cueillette et decoupe de noix de coco (il y en a partout), escalade et saut du haut des chutes de togitogiga, exploration du corail a apia et a coconut beach (avec des nemo, des poissons jaunes et bleus et verts et rouges et hier un gros poisson noir qui m'a fait nager plus vite que je l'aurais pense possible, et des etoiles de mer, et des sea cucumbers...), feu de camp et guitare sur la plage avec les samoans, decoupe de la jungle pour le feu de camp, nuits dans des fales de bois et de palmes, etc.. Il est vendredi 11h05 ici, samedi 10h05 en nouvelle-zelande, et sans doute qqch entre les deux en europe. Retour vers le futur dans cinq jours environ. Robert Louis Sevenson, l'auteur de l'ile au tresor, a habite ici et est enterre sur l'ile. Je pars en exploration de la cote.

mercredi 19 août 2009

Une semaine plus tard

Une semaine plus tard, me revoilà face au petit écran à taper des lettres sur un clavier récalcitrant (certaines lettres doivent être tapées plusieurs fois pour s'afficher à l'écran). Toujours pas msn, mais toujours un magnifique crépuscule à la fenêtre.
Ce fut une semaine bien remplie, et marquée par les bienfaits de l'absence de télévision: une chose à se rappeler en juillet prochain. J'ai presque terminé la série de livres de Stephenie Meyer, j'ai adoré le premier et beaucoup moins aimé les autres, mais il est trop tard je dois savoir comment ça se termine ("Make your choice, adventurous stranger; / Strike the bell and bide the danger, / Or wonder, till it drives you mad, / What would have followed if you had."). Cela plus mes lectures de master, ça donne de bonnes journées de lecture, au soleil quand c'est possible, comme aujourd'hui.
J'oublie toujours mon appareil photo, ce qui fait que je ne peux pas vous faire profiter du printemps qui éclôt avec les chants des tui et les fleurs dans les arbres et buissons du bush. Le week-end a été pluvieux, en revanche, et c'était ma première en conduite à gauche. Routes de montagne, la nuit, sous la pluie et dans une brume épaisse, le levier de vitesse à gauche et les phares des autres voitures à droite. Expérience intéressante. Le reste du voyage, avec les phoques, les vagues, "l'escalade" au-dessus du phare, le fish-n'-chips et la guinness, tout cela est sur facebook en images.
Il y a un tas de pubs irlandais à Welly, du beau Murphy sur Cuba au moderne Molly Malone's sur Courtenay Place, en passant par le Dark Harp sur Lambton Quay, etc etc... Mais je n'en ai pas encore testé un seul. A remédier pendant les vacances.
Vacances! Comment y croire? Déjà la moitié du semestre s'est écoulée, j'ai rendu la plupart de mes devoirs (un B+ sur Narnia, et ça semble bien parti pour Mansfield). Presque deux mois que je suis là. Il va vraiment falloir que j'accélère côté Master. Les vacances vont passer très vite (celles qui commencent aujourd'hui comme celles d'été). J'ai trouvé un organisme qui peut garder ma valise à Melbourne pendant trois mois pour 190 dollars australiens. Si mon vol de retour passe par Melbourne en janvier, ça pourrait m'économiser près de 1000 euros en loyer... Definitely interesting, ça ouvrirait des possibilités de voyage supplémentaires pendant le second semestre. Second semestre pendant lequel je pense étudier des cours de première année: culture maorie, langage maori, et criminologie, un bouquet intéressant, peut-être.
D'un côté plus immédiat, le départ pour les îles Samoa approche. Donc j'ai acheté un sac de sport et je me suis documenté. Les îles Samoa sont le seul pays du Pacifique encore classées comme "pauvre". Le problème est que leur économie est agricole (banane, cacao) et que les cyclones sont fréquents en saison des pluies (de novembre à avril). Les îles Samoa appartenaient à l'empire Tonga, puis à l'Allemagne jusqu'à la première guerre mondiale, et à la Nouvelle-Zélande jusqu'en 1969. Après l'indépendance, un chef d'Etat a été élu à vie. Il a expiré il y a peu (2005 je crois), et le nouveau chef de l'Etat a été élu pour un mandat de cinq ans. C'est donc une époque de changements: les îles Samoa seront, la semaine prochaine, le premier pays a passer de la conduite à droite à la conduite à gauche depuis 1960 (c'était la Suède, je crois) afin de s'aligner sur l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais certains villages ont décrété que la circulation serait bloquée pour ceux qui conduiraient à gauche. Une situation rigolote donc, pour nous touristes qui allons peut-être louer une voiture en pleine semaine de changement.
Je lis parfois le Dominion Post, un journal néo-zélandais, et j'ai vu ce matin que Marc Walhberg et Peter Jackson présenteront Lovely Bones début décembre à Wellington (une première depuis King Kong et Le Seigneur des Anneaux). A voir si l'on se permet un détour pour cet autre évènement historique ici, ou si l'on continue sur l'île du sud.
Enfin, juste pour le fun et pour donner une idée de l'état d'esprit ici, voici l'article que l'on trouvait en tête du Dominion Post, avec gros titre et tout, aujourd'hui:

"HOW DEEP IS YOUR LOVE ?

His friends have taken to call him "Lord of the Ring" after Aleki Taumoepeau plucked his wedding ring from the bottom of Wellington Harbour - 16 months after he lost it.
The Niwa ecologist, from Hamilton, never gave hope that he would find the ring, which slipped from his finger while he was checking the harbour for invasive plant species in March last year.
At the time he hastily threw an old anchor overboard to mark the spot and vowed to wife Rachel that he would find it - refusing her offers to buy a replacement.
"It flew off into the air and everyone on the boat was looking at it and said it was like a scene from Lord of the Rings in slow motion," Mrs Taumoepeau said.
The couple had been married for just over three months.
"She kept saying to me when we went out, "I'll have to buy you a new ring", but I just said "No, I'll find it,"" he said.
Back in the capital for a conference three months after the mishap, he decided to borrow dive gear from colleagues to search.
Conditions were bad and the GPS co-ordinates he had noted down at the time were wrong, so he came away empty-handed.
A year later, Mr Taumoepeau was back, with some new co-ordinates garnered from Niwa and website Google Earth.
This time his wife and their nine-month-old son, Alekisanita, watched from the Petone shore.
"I thought he was mad going back a year after," she said. "Even people on the beach were saying "Is he OK? Is he a bit crazy?""
In three metres of water near the Hutt River mouth, Mr Taumoepeau hunted for the anchor.
After an hour, he stopped to catch his breath and, while doing so, asked for some divine intervention.
"I was getting cold and tired so I said to God it would be really good to find the ring about now."
He then looked down, spied the anchor and - just centimetres away from it - the ring.
"I couldn't believe that I could see the ring so perfectly. I was thinking I won't see all of the ring, maybe part of it, but the whole top surface of the ring was glowing," he said.
His wife heard him cheering and screaming in the water. "I couldn't believe it. It was the power of prayer.""


Différent de ce qu'on trouve en France, non? ;) Mais, en un sens, j'aime bien ce genre d'histoire. Avec les articles qui parlent de meurtres (etc), c'est la même chose: on connaît les prénoms et les noms des personnes impliquées, qu'il s'agisse des victimes, des témoins ou de l'inspecteur chargé de l'enquête. Peut-être théâtral, mais surtout ça parle des gens, des personnes plutôt. Pas de titres ou de rôles. Une autre conception du journalisme, moins exacte mais peut-être plus romantique. Ca vaut un chapitre d'un bon livre, ou une nouvelle. J'aime particulièrement le "came away" dans cet article, avec l'histoire racontée.

On se croirait un peu dans un film à l'américaine, sur le campus. Je croise surtout des premières années, donc c'est un peu entre University et High School. Un tiers à la bibliothèque, un tiers dans les clubs théâtre/sport/musique/langues (...), un tiers ou plus pratiquant le binch-drinking. Et l'ambiance campus est si.. si semblable à celle qui est décrite dans les teenage-books, avec les groupes qui se forment, les discussions sur les uns et les autres, etc... C'est amusant. Je pense viser les USA dans deux ans, pour ma deuxième année à l'étranger. Just going back to high school, après avoir vécu l'université ici.

Ca joue toujours au rugby dehors, et le temps s'est rafraîchi. Je prendrai mon manteau ce soir pour le meeting de poésie dans les branches du grand arbre du Jardin Botanique (en fait un vrai parc). Les fleurs sur les arbres sont vraiment belles, elles font sourire les passants inaccoutumés (genre moi). Le crépuscule s'est enfui, mais on voit maintenant les étoiles sur le port et sur les collines de l'autre côté de ma charmante Welly. Je vais chercher un poème pour ce soir et me remettre à ma lecture. Biz à tous, et merci pour le courrier que j'ai reçu cette semaine et avant, j'en ai tapissé un de mes murs (faudra que je montre ça aux floormates tiens, ils sont désespérés de voir mes murs encore si blancs).
A bientôt!

jeudi 13 août 2009

And Yesterday Was So Good

Dead Poet's Society, Le Cercle des Poètes Disparus. Lors de leur première réunion, ce sont les mots de Thoreau qui sont cités. Hier, dans les branches du gigantesque arbre/buisson que nous avons baptisé Dr Octopuss, les mots de Walden se sont encore envolés vers les étoiles. C'est une chance de pouvoir écouter de la poésie et de la musique, de pouvoir créer et parler, dans un groupe international. Deux Américains, une Chinoise et un Français perchés sur les plus hautes branches d'un arbre du Botanic Garden hier soir, regardant le Pacifique, la ville de Wellington, les étoiles et la brûme qui recouvrait lentement Mt Victoria, ont eu cette chance.

Aventures du jour

Sunny day in Welly today! Pas de pluie depuis une semaine, et il fait de plus en plus chaud: même en polo manches courtes on sent la chaleur, et that's so gooooood! On doit pas être loin des 20 degrés! Temps idéal pour un mini-footing à 9h dans les jardins botaniques encore déserts (seulement nous et les fleurs et les jardiniers), puis direction la bibliothèque nationale à 10h, et le supermarché à 11h. J'ai trouvé des baguettes à "Simply Paris", je suis paré pour le pain perdu de cette nuit (prévue blanche, parce qu'on veut voir le soleil se lever de l'autre côté de Mt Victoria). Voilà donc le Fabien qui rentre au Village avec ses baguettes sous le bras, et qui se fait interpeller:
"Salut! Tu as acheté des baguettes?". Conversation sur la journée de chacun, et au moment de partir, l'erreur fatale: "A demain alors!".
- Demain? Qu'est-ce qu'il y a demain?
- Les répétitions...
- Quelles répétitions?
Ah meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde. Et je peux même pas dire que c'est la première fois que ça m'arrive. Jvais porter un badge en forme de L je crois.
- Tu as un rôle dans la même pièce que Jocelyn?
- Euh.. Ben.. Euh non, en fait c'est une autre pièce, sorry j'ai confondu, c'est mon emploi du temps qui est trop chargé, je sais plus qui je vois où, c'est une pièce montée par le club de français...
- Ah... Ben euh, bonne journée!
- Oui à toi aussi, bye!
Et là, je suis encore en train de me demander qui est cette personne avec qui j'ai discuté au moins trois fois dans la rue, qui semble savoir parler français, et qui connaît Jocelyn.

lundi 10 août 2009

Bad and Good

Je dévore Twilight, je profite du soleil et j'explore Te Papa au lieu de bosser pour mon cours d'histoire. C'est Mal, si j'avais une règle je me taperais sur les doigts, ou pas. Mais j'ai quand même bossé une bonne partie du week-end. On se rend compte qu'on fait vraiment partie des gens du coin quand on commence à prendre des photos pour les touristes et à renseigner les gens dans les rues. Plus que deux semaines avant les vacances de printemps et la chaleur de Samoa. Et un footing le matin, ça fait du bien. Quelqu'un sait comment on fait le pain perdu?

jeudi 6 août 2009

On the Road Again

Demain, premier essai de conduite à gauche, direction Maraka Beach !
Aujourd'hui premier essay de littérature néo-zélandaise. A l'attaque !

Living In A Dream

J'avais commencé à raconter ma journée, mais c'est si linéaire et plat que je préfère une succession de scènes marquantes.

Le soleil brillant sur le Pacifique quand je lève mes stores ("I'm in New Zealand!").

Etre ébloui par les reflets de la cathédrale St Peter à l'autre bout de la ville.

Une centaine de personnes regardant The Lion, The Witch And The Wardrobe dans le même amphi, et parlant de Narnia sans le moindre mépris.

Une quinzaine de personnalités académiques riant aux éclats.

La chaleur du soleil sur mon visage dans le vieux cimetière.

Six amis qui lisent des poèmes dans un café en dégustant cheesecake, carrotcake et hot blackcurrant.

Felipecha qui retentit dans Cuba Street.

"Do you feel like walking for a while?" "Yeah, we could go to the waterfront!"

"Have you seen the moon? It's full, and it's so big and so bright here!"

"Do you know how the Ancients built some things according to the position of the moon and of the sun? Well, I have the feeling my room is built on the same pattern, man."

Jouer avec la mousse émanant de la lessive versée dans une fontaine.

Glisser dans les algues sur le port.

Rire avec des inconnus.

Faire signe au kayak qui rame dans les eaux sombres du port.

Parler de Sirius, Regulus, Venus et Mars. Voir les étoiles vaincre les nuages.

Deviner le message des papillons de lumière lunaire sur les eaux noires du Pacifique.

Rester plusieurs heures à regarder l'océan et le ciel par une nuit de pleine lune, avec des amis et des inconnus, en parlant famille, voyages, films, projets.

Revenir avec les mêmes personnes, certaines rencontrées il y a moins d'une heure autour d'une fontaine mousseuse, et projeter d'aller voir les vers luisants, demain.

Sur le chemin passer devant LA maison victorienne en bois blanc et gris, porche allumé, réverbère ancien juste devant, abrité par un arbre local (pohutukawa?).

Et en rentrant sentir la peau écorchée par la chute dans les algues et se dire que, même si c'était meilleur que n'importe quel rêve, c'était réel.

lundi 3 août 2009

Fait Divers

La Bucket Fountain, équivalent ici de la Statue du Cheval à Bellecour, est aussi connue sous le nom de "The fountain where Elijah Wood peed the night he was drunk".
Et je serai sur place lors du tournage de "Bilbo le Hobbit", réalisé par la personne avec qui j'ai pu discuter pendant 5 petites minutes début juillet: Guillermo del Toro. Bonnes perspectives.

samedi 1 août 2009

Monkey!

Aujourd'hui, j'ai:
- mangé du beurre de cacahuète
- fait l'acrobate sur les épaules, le dos, la taille de Scapin
- rejoué aux Loups-Garous
- vexé un Kiwi (you don't call them "Natives", so don't call us "Pakehas", we're all New Zealanders)

Journée très enrichissante, donc, time to go to bed. Passages de livres intéressants à venir.

vendredi 31 juillet 2009

The Roar of the Lion

O Wellington [clapclapclap], o Wellington [clapclapclap], o Wellington is wonderfuuul !

Les Lions ont défendu leur titre face à Otago ce soir au Westpac Stadium. Et j'y étais, avec ma casquette de supporter et une Tui à la main, et une bande de joyeux compères. Mais sans mon appareil photo.

Score final: 23-19. I love that stadium.

samedi 25 juillet 2009

Suite

La vie suit son cours ici, c'est boulot-party-dodo la plupart du temps. Le billet pour Samoa fin août est réservé. Les répétitions continuent à hauteur de 10h par semaine, c'est intense mais so funny. Paraît que je me débrouille pas mal pour jouer les vieillards obsédés par l'argent et les filles, je sais pas comment le prendre ;). Allez, au boulot, j'ai trois analyses de texte à rendre pour demain.

mercredi 22 juillet 2009

Le dîner du Chapelier

J'ai enfin rencontré le grand professeur qui dirigera mon Master, et la rencontre s'est très bien passée. Déjeuner ensuite avec les autres chercheurs du centre, discussion plus qu'intéressante sur la gutter press, sur la mort du directeur du Musée Te Papa à cause du vent la semaine dernière, sur les funérailles en général, sur les livres de chacun, etc... Rapport aussi de l'attitude de certains politiques en privé: un ancien ministre de la santé qui n'a aucun charisme, un premier ministre australien qui est blagueur... Et enfin nous avons fêté en chanson l'anniversaire d'une chercheuse du centre, qu'ils avaient oublié de fêter une semaine auparavant; un non-anniversaire in a way.

Biz de "this side of the world... or of the universe"!

lundi 20 juillet 2009

A Black Angel Shining In The Moonlight

Dur, dur! Enormément de boulot à faire, et les répétitions pour la pièce prennent beaucoup de temps. D'ailleurs, le problème avec ce rôle est que j'ai le sentiment de ne pas pouvoir fournir de bonnes situations à mes partenaires, de me concentrer sur mon personnage au point d'oublier le personnage qui est en face. A travailler, en priorité. Côté fait divers, la grippe porcine continue à faire son petit bonhomme de chemin. Tous les étudiants kiwis en parlent en permanence, et j'ai maintenant deux voisines atteintes. Voilà voilà, autrement j'ai l'impression que Cupi est toujours dans l'air, mais il est pas méchant de ce côté de la Terre, c'est plutôt un pote, notamment dans Les Loups-Garous de Thiercelieux. Et pour finir, la minute Narnia:

The Horse and His Boy
"For in Calormen, story-telling (whether the stories are true or made up) is a thing you're taught, just as English boys and girls are taught essay-writing. The difference is that people want to hear the stories, whereas I've never heard of anyone wanting to read the essays."
"Then suddenly the sun rose and everything changed in a moment. The grey sand turned yellow and twinkled as if it were strewn with diamonds."
"But one of the worst results of being a slave and being forced to do things is that when there is no one to force you any more you find you have almost lost the power of forcing yourself."
""Will any more harm come to her by what I did?"
"Child," said the Lion, "I am telling you your story, not hers. No one is told any story but their own.""

vendredi 17 juillet 2009

And they came back at nightfall

Awesome day ! Visite du zoo puis rentrée en ville à pieds, puis mega kebab pas cher, puis rentrée à la maison en même temps que les étoiles. Première journée sans pluie depuis le 4 juillet, il n'y avait même pas un nuage dans le ciel, et il semble faire moins froid. Autre découverte du jour: la reproduction des mêmes schémas dans les relations sociales, et la découverte de personnalités similaires à l'autre bout de la terre. So strange.
Je viens de recevoir un coup de fil: je serai Géronte dans les Fourberies de Scapin, ça me convient bien, et j'espère que Matthew aura eu Scapin, il était trop bon. Bonne journée tout le monde !

mardi 14 juillet 2009

Terre de miracles

Aujourd'hui, j'ai...en quelque sorte dansé! Remercions la Guinness, le 14 juillet, les musiciens, l'entêtement de certaines et l'enthousiasme de tous.

lundi 13 juillet 2009

Reprise

Reprise des cours, reprise du cours de la vie aussi. Enfin la parenthèse 2008-2009 est fermée, une année pas si top que ça, un peu faustienne sur les bords, mais restée loin sur la rive, très loin du canoe de Kupe et du pays au long nuage blanc. Ca fait du bien, on se sent bien ici, je me sens bien. Good. Un peu comme si j'étais autorisé à reprendre le jeu après avoir passé trois tours en prison. Les choses sont plus faciles, moin fouillées, plus simples et plus profondes à la fois.
J'ai joué au foot pour la première fois depuis des années (un vrai match, je veux dire), j'ai exporté le jeu des loups-garous et l'humour espagnol/américan/singapourien/chinois/anglais se marie à merveille avec ce jeu. J'ai acheté mes bouquins pour le semestre, et surprise, en haut de la liste on trouve "The Chronicles of Narnia". On ne pouvait pas faire mieux comme fin de thérapie ou début de reconstruction. Premier cours de littérature pour enfants: pour ranimer une fée, tapez dans vos mains et criez "We Believe in Fairies". Mise en pratique, puis extrait de Peter Pan. So cool. Jeudi j'irai sans doute aux auditions pour Les Fourberies de Scapin. Jsais pas encore si je monterai sur les planches, ça reste à voir. Mes journées se remplissent très vite, il faut aussi que j'aille voir le spécialiste de l'histoire néo-zélandaise, James Belich. Et racheter du L&P (Lemon and Peroa). Et dire à mon camarade italien qu'il faut mettre de l'eau dans le pastis.

Je recopie ici l'extrait de Narnia qu'on nous a distribué, avec la caption (in English, sorry). Ce sont quelques lignes qu'on oublie facilement, à tort. A relier à Platon:

"The Green Lady tries to persuade them, by her enchanting words and the narcotic smoke of her fire, that the upper world of Narnia does not exist, and only her underworld is real. Then Puddlegum stamps out the fire.

""All you've been saying is quite right, I shouldn't wonder. I'm a chap who always liked to know the worst and then put the best face I can on it. So I won't deny any of what you said. [...] The made-up things seem a good deal more important than the real ones. Suppose this black pit of a kingdom of yours IS the real world. Well, it strikes me as a pretty poor one. And that's the funny thing, when you come to think of it. We're just babies making up a game, if you're right. But four babies playing a game can make a play-world which licks your real world hollow. That's why I'm going to stand by the play-world. I'm on Aslan's side even if there isn't any Aslan to lead it. I'm going to live as like a Narnian as I can even if there isn't any Narnia".""

Voilà qui est bon pour l'âme, "good for your soul", pour reprendre les mots mêmes d'une étudiante en philosophie venue d'Allemagne pour un semestre, et d'un Fellow Researcher né en Roumanie, qui a fait des études d'ingénierie pour être autorisé à migrer en ville par son gouvernement puis qui a décidé de reprendre ses études aux USA à 29ans, avant de se marier avec une Kiwie et de venir ici il y a 9mois. "Good for your soul". Tous ces témoignages, toutes ces rencontres, l'ambiance même... Ca donne l'impression d'avoir risqué une "pourriture de l'intérieure", et d'en être sauvé in extremis. Assainissement. Et si on rejouait le coup, et qu'Harvey Dent ne devienne pas Double-Face? Et si Smeagol ne devenait pas Gollum? Ca semble bien comme plan, et à vrai dire Double-Face et Gollum semblent bien loin.

Jvais voir Harry Potter mercredi, faut encore que je décide avec quel groupe. Pour la forme, je copie-colle ce que j'avais écrit sur Word la semaine dernière:


"And the rattlesnake said “I wish I had hands so I can hug you like a man”, and then the cactus said “But don’t you understand? My skin is covered with sharp spikes that will stab you like a thousand knives, a hug would be nice but please hug my flower with your eyes”… Ou comment passer une très bonne journée dans la cite du vent.

6h du matin environ, réveil avec mal de tête, j’essaye de traîner au lit mais pas moyen de se rendormir, jme lève et me sers un petit déj’ à base de Lemon and Peroa et de MnM’s. Diététiquement moyen, mais efficace. Le mal de tête se calme, tant mieux mes médicaments sont dans la valise qui profite de la sortie pour visiter le monde sans moi.
9h environ. J’ai finalement pu me rendormir. Shower avec le savon et les affaires achetés hier, dressing avec les vêtements achetés aussi hier. Aujourd’hui, objectif valise, internet et HSBC.
Mais avant, remettre le contrat signé aux RA’s (Residence Assistants). « Hi ! You’re Fabien ? »… Heu, « exactly ». « I’m Chrysta ». La personne avec qui j’ai été en contact par mail depuis plusieurs semaines. Cool. « The airport has just phoned to say that they have your baggage. It will be here in a few minutes”. Mega cool cette fois. Non seulement les RA’s sont super sympas, mais en plus ils apportent toujours des bonnes nouvelles. Quelques minutes plus tard, tout sautillant de joie, je récupère ma valise, demandant au passage à Jacob où je peux trouver les codes d’accès à internet (« the Library »). Jdéfais mes affaires, et jdescends pour le repas, espérant trouver Hazel, Claire, Charlène, Caroline ou la fille du 8ème étage dont j’ai oublié le nom, ou encore les deux filles du 10ème dont j’ai carrément oublié de demander le nom. Mais il n’y a que des nouvelles têtes. Pas grave, je passe au self, je discute un peu avec le cuisinier suisse (il a été obligé d’apprendre le français à l’école pendant 10 ans, sa première langue est l’allemand, et il ne parle qu’anglais depuis dix ans – il a vécu 3 ans au Canada et 7 ans en NZ), qui me demande si je supporte l’OL (comme le gars de Vodafone : Lyon est vraiment connue comme la ville de l’Olympique Lyonnais)… Jvais chercher une place quand… « Hi Fabien ! ». C’est Denise, une RA, assise avec cinq autres RA’s qui m’ont signe de venir m’asseoir avec eux. « - Have you ever heard of Spanish Inquisition ? – Felicity, don’t scare him ! – Have you complained to the airport that the loss of your baggage had compelled you to buy new things? Coz my parents had done so and the airport had given them a fair compensation. – Was it the airport or the insurance?”… Au final ce fut un repas plus sympa que ceux passés en compagnie de mes amies kiwies jusqu’à présent. Jme suis retrouvé à expliquer l’histoire de Malte à la plus jeune des RA’s (d’ailleurs, news = Malte est un pays complètement inconnu de ce côté de la planète), puis j’ai pris congé et jsuis parti visiter le campus.
Le temps s’améliore aujourd’hui, le ciel est d’un beau bleu, et la température rappelle celle d’Auckland l’an dernier : il ne fait plus froid, il fait frais. C’est plus vivifiant, ça donne envie de se promener et de sourire. L’air a cette odeur typique de la végétation de kiwiland, ça sent bon, ça « gazouille » dans les arbres (guillemets parce que parmi les oiseaux, il y a ceux qui gazouillent, ceux qui sifflent, ceux qui crient, ceux qui ont l’air de parler, et ceux qui jouent des castagnettes – sans compter ceux qui font tout ça en même temps). Le campus est grand, mais très bien situé, juste à côté du cimetière à l’anglo-saxonne (so beautiful !).
Le suspense est insoutenable, mais je m’arrête là pour le moment, en espérant que ma mémoire ne me trahira pas pour la suite (« Full Moon »), qui est encore le meilleur morceau, et où Nature et Surnaturel tiennent le premier rôle. A ne pas oublier aussi, les méandres des amoureux de Wellington. Et la foule obscure."

Bonne journée Frenchies!

samedi 4 juillet 2009

I'm back

Bon ça y est cette fois c'est bon j'y suis... Mais pas ma valise = pas d'adaptateurs = batterie du portable et de l'ordinateur qui s'épuisent = pas de nouveau post avant que j'aie retrouvé ma valise. Aujourd'hui, je pars donc en quête de vêtements chauds, de dentifrice, de savon, etc... That's kiwi adventure!

mercredi 10 juin 2009

La bonne adresse

De quoi rire, pleurer, crier, s'inquiéter, lutter, chanter, écrire, lire, et tout ce qu'il vous plaira...

Dans l'antre du dragon:
http://lodd.forumsactifs.com

Et surtout (parce qu'ils y publient leurs anciens numéros):
http://journaldulycee.ampere.over-blog.net

Merci aux très sympathiques membres de l'ODD et du Petit Ampérot, qui n'a de petit que le nom, pour les rencontres de cette semaine.

dimanche 7 juin 2009

Un peu de politique sur une page de douceur

Yeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeehhhhhhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
J'en profite, je n'ai jamais pu le faire après une élection. Bon, d'accord, l'UMP est toujours en tête, on s'y attendait un peu, et ça modère mon enthousiasme évidemment. En parlant de l'UMP, est-ce que je suis le seul à avoir trouvé que Xavier Bertrand, Hervé Morin, Christine Albanel et compagnie avaient vraiment l'air de mafieux fascistes dans leurs costumes gris sur l'estrade du siège de l'UMP? Copé et Pécresse sont toujours les mêmes têtes à claques, by the way (même si l'opposition Copé-Sarkozy a rendu le premier un peu moins insupportable). Comme les journalistes de Fr3 que je suis en train de regarder - ils me saoûlent (en revanche je suis très agréablement surpris par Benoît Hamon). Non, ce qui me réjouit c'est le score d'Europe-Ecologie. Trois ans que je vote pour les mêmes au premier tour après étude de tous les programmes, et c'est la première fois que j'ai vraiment l'impression que ça a servi à quelque chose. L'UMP a peut-être 30 sièges en France, mais Europe-Ecologie + PS + Front de Gauche, ça fait 32 sièges ! Et si on inclue, éventuellement, le Modem pour certains votes, la droite est minoritaire. Alors, bien sûr, faut trouver les accords, mais c'est faisable, très faisable. Le souci, ce sont les gros scores de la droite partout en Europe: extrême-droite très bien placée aux Pays-Bas et en Autriche, défaite de Gordon Brown (mais quels cons ces deux journalistes de Fr3!) et de Zapatero, grande victoire d'Angela Merckel et des fascistes italiens de Berlusconi... Beurk. Pour l'analyse vite fait bien fait en France, je pense que, mine de rien, l'unique débat télévisé de 21h a eu une influence en plombant Bayrou, qui s'est politico-suicidé en direct (bah ouais, y en a que se petit-suissident, et d'autres qui se politico-suicident). Pour le scrutin dans mon petit bureau de vote, bah niveau résultat (mais il m'énerve vraiment ce journaliste!!! il a sa carte UMP ou FN, lui, c'est pas possible!!!) c'était comme d'hab UMP en tête, mais avec beaucoup plus de bulletins verts en deuxième position. Puis venaient le Modem, le PS et le FN. Niveau scrutateurs, mes amies grand-mères étaient toujours là, mais il y avait aussi des jeunes, yeah! Je me suis retrouvé à faire le dépouillement avec un sosie de Zac Efron en plus blond né en 1991, et on s'est bien amusés à aider les mamies parfois un peu perdues. Là on bascule dans le "je raconte ma vie", j'avais réussi à l'éviter ces derniers temps pourtant (mais Copé deviendrait-il sympa???? c'est peut-être la fonction de président de l'UMP qui rend les gens insupportables...). Bon, les résultats, vite!

Estimations à minuit:
UMP 30 sièges (28%)
PS 14 sièges (16.8%)
Europe-Ecologie 14 sièges (16.8%)
Modem 6 sièges (8.5%)
Front de Gauche 4 sièges
FN 3 sièges
Libertas 1 siège

Il me semblait pourtant que le NPA était devant Libertas au niveau national, c'est bizarre. Ah, et un truc noté par personne à France Télévision, c'est les 1,2% (ou 1,9%?) de Lutte Ouvrière, ce qui est vraiment peu au niveau national par rapport à d'habitude je crois. Ca ne veut rien dire, Nathalie Artaud peut très bien remonter, mais j'ai l'impression qu'on oublie un peu LO. Au bureau de vote, la plupart des scrutateurs n'étaient pas au courant que Laguillier n'était plus à la tête du parti! Un dernier mot pour dire que Besancenot était très classe, plus posé que les autres, sur Fr2 en début de soirée. Et à l'Europe qui se droitise malgré le succès écologiste: hasta la vista! Jreviendrai ptetre dans un an voir si l'air est moins nocif, en attendant, jme prépare à mettre les voiles pour un coin plus pacifique.

jeudi 28 mai 2009

Iris

Le père de ma meilleure amie avait eu la lubie de dôter la vieille ferme - une belle ruine achetée à un paysan de Lussas pour une bouchée de pain - d'un toit végétal. Nous y étions allongés, contre l'avis paternel, et partagions la dernière cigarette de mon paquet de Camels.
_ J'me rappelle jamais, commençai-je en transformant le paquet vide en flocons artificiels, c'est quelle étoile qui indique le Nord?
_ Sais pas.
Le bout de la cigarette rougeoya dans le bleu de la nuit.
_ Je dirais que c'est celle-là, là-bas, reprit-elle.
_ La petite bleue?
_ Oui, pourquoi pas?
Elle me repassa la cigarette. Presque finie.
_ Tu vois les lumières, là-bas? C'est Aubenas, à l'Est. Derrière nous, il y a ton village. Alors le Nord, ça se trouve quelque part entre les deux... A notre droite ou à notre gauche...
Les dernières cendres, encore chaudes, s'envolèrent dans la nuit. J'éteignis le mégot avec mon talon. Un vent léger et froid s'était levé, portant à nos oreilles les bruits de la forêt toute proche. Est-ce qu'on passait une super soirée, ou est-ce qu'on s'ennuyait à mourir? En fait, je n'en savais rien. J'étais comme anesthésié, et je n'avais même pas envie de me poser la question. Juste sentir le vent frais sur mes joues, et sur mes pieds (oui, on avait enlevé nos chaussures avant de grimper sur le toit végétal, pour être plus proches du ciel et de l'herbe en même temps), cela me suffisait largement. Je fermai les yeux et m'étirai, à la lueur de la pleine lune.
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Le ciel prenait une couleur rosée un peu partout autour de nous. Disparus, les coassements des grenouilles, les chants des grillons, le bruit des branchettes foulées au sol par les lièvres, ou celui de la terre lentement retournée par les taupes. C'était un tout nouveau monde qui s'éveillait, un monde entre le rose et l'or, avec une bande-son faite de pépiements de moineaux affamés, de battements d'ailes d'hirondelles, et du hululement d'une chouette qui avait oublié de se réveiller cette nuit.
Le toit était humide, mais il nous avait tout de même permis de ne pas avoir trop froid pendant la nuit. Je m'étais endormi sans m'en rendre compte, et Morgane avait dû décider de dormir là aussi. Dans quelques instants, le soleil se lèverait. Je passai mon bras gauche sous ma tête pour pouvoir me redresser sans réveiller ma camarade dormeuse aux étoiles. Mes yeux étaient partagés entre le spectacle d'une nouvelle aube, et celui du repos d'une personnalité si active le reste du temps. Les deux étaient tout aussi incroyables, finalement, étrangers à mes représentations habituelles du monde. J'entrais dans une nouvelle dimension, un peu comme si on m'avait offert une nouvelle paire d'yeux pour un court instant, pour que je découvre que le monde était si multiple, si différent à chaque fois et pour chacun d'entre nous, que ça valait vraiment le coup de vivre chaque minute qui nous était donnée à fond. Parce que, finalement, c'était plus intéressant qu'un roman, ou qu'un film de n'importe quel genre, justement parce que c'était toujours imprévisible, réinterprétable à souhait, surprenant... Six milliards de mondes différents sur un bout de caillou flottant dans l'espace, tous contenus dans douze milliards de globes oculaires naissant et mourant... Douze milliards d'iris entourant la planète bleue et lui procurant leurs couleurs.
Morgane dormait encore paisiblement sur mon épaule droite. Le soleil apparut à l'horizon et vint concentrer ses rayons dorés dans mes pupilles. Je levai le menton et ajoutai un fond bleu ciel au fond de mes yeux.